Quand j'étais malade
Quand j'étais petite et que j'étais malade, c'était génial. Assez
paradoxal comme phrase me direz-vous ! Je restais en pyjama toute la
journée, j'avais le droit de squatter la chambre de papa et maman spécialement
aménagée pour l'occasion, à savoir petit verre d'eau sur la table de nuit, mon
Nombrilou collé contre moi (Nombrilou était mon nounours fétiche), cassettes de
Tom et Jerry dans le magnétoscope, albums de « Martine » à portée de mains. En
particulier celui de « Martine est malade », évidemment. Je l'ai lu, re-lu et
re-re-lu, au point qu'encore aujourd'hui, je me remémore parfaitement les
dessins. Et puis Maman me sortait de son armoire un petit mouchoir propre tout
repassé qui sentait la lavande (car je suçais mon pouce avec un petit mouchoir
en tissu qui devenait très vite gris et nauséabond... enfin ça, c'est ce que
EUX disaient...). Et puis Maman allait à la librairie et me ramenait un petit
magazine avec plein de jeux, d'histoires et de coloriages.
Et puis il y avait surtout le riz au lait. Dès qu'on était malade, Maman faisait
du riz au lait. C'était tellement systématique que dès que j'ai un pet de
travers, j'ai envie de riz au lait ! Et pour le dîner, elle nous faisait de la
purée avec du jambon mouliné dedans, juste avant l'Aspegic poussiéreux que je
mettais 1/4 d'heure à boire à la paille. Quand ma grande soeur rentrait de
l'école, elle se dépêchait de faire ses devoirs pour me rejoindre dans la
chambre et profiter de tous ces petites consolations avec moi.
Quand j'étais petite et que j'étais malade, c'était bien. Maman rendait tout
tellement bien !
Aujourd'hui, ça a bien changé. C'est vendredi, et je suis malade. Complètement
mala-deuuu. J'ai même loupé le travail, dis-donc. J'ai la grippe, doublée d'une
rhinopharyngite. Comme si ça ne suffisait pas. La grippe, la vraie, celle qui
fait que même taper sur un clavier te fait mal aux doigts. Celle qui fait que
tu as chaud, froid, mal partout, la tête dans un étau, et une fatigue ! Je
pourrais dormir des jours ! D'ailleurs c'est ce que je fais. Quant à la rhino,
c'est la vraie aussi. Je tousse comme une tondeuse à gazon, je suis sourde
comme un pot, je me mouche comme une cocotte-minute prête à exploser, j'ai la
voix de Marge Simpson, les yeux gros comme... ceux de Marge Simpson. Une
écharpe, un jogging molletonné, une couverture polaire autour des jambes, deux
paires de chaussettes 100% laine qui me font des pieds énormes. Top glamour, je
vous l'dis !
Si j'étais aussi douée que ma Maman, je me ferais du riz au lait et de la purée,
avec un bon « Martine ». Au lieu de ça, j'engloutie des soupes toutes
prêtes, je regarde la téléréalité et je me plains… Ah la jeunesse ! C’est
plus ce que c’était !